Il existe toutefois des différences majeures sous-jacentes, notamment en raison de la guerre en Ukraine, des sanctions contre la Russie et des changements dans les flux énergétiques mondiaux. Par exemple, des volumes beaucoup plus importants de charbon et de GNL ont été importés pour remplacer le gaz naturel russe. Le transbordement de conteneurs a diminué, notamment en raison de la perte du commerce avec la Russie.
"Le volume total donne l'impression que tout se passe comme d'habitude dans le port, mais les grands changements, notamment en ce qui concerne le GNL et le charbon, indiquent que le paysage énergétique a radicalement changé. Avec les prix élevés de l'énergie, l'industrie chimique, grande consommatrice d'énergie, traverse une période difficile. Une transition énergétique plus rapide nous rend moins dépendants des développements géopolitiques à long terme. À court terme, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour conserver l'industrie chimique qui est si importante pour notre société", explique Allard Castelein, directeur général de l'autorité portuaire de Rotterdam.
Vrac sec
Le débit de fer et de ferraille a fortement diminué (-17,9%), tout comme le débit d'agribulk (-14,8). Le premier a été causé par l'affaiblissement de l'économie, le second par les volumes des récoltes dans diverses parties du monde. Les prix élevés de l'énergie dans la transformation de l'agribulk ont également joué un rôle. Le volume de charbon a augmenté (+24,8 %), principalement en raison de l'utilisation accrue de charbon dans les centrales électriques. Les autres vracs, tels que les matières premières et les matériaux de construction, ont également connu une forte augmentation (+22,6 %). Le débit de vrac sec a augmenté de 2,9 % au total.
Vrac liquide
Pour le vrac liquide, l'augmentation a été de 3,9%. Le volume des produits pétroliers a diminué (-13,1%), notamment en raison de la baisse de l'offre de fioul en provenance de Russie, mais les autres volumes de fret ont augmenté : plus de pétrole brut (+5,4%) et plus d'autres vracs liquides (+18,4%) ont été traités. Toutes les catégories de la section des autres liquides sont en croissance : chimie, biocarburants, huiles végétales/animales et jus de fruits. La croissance du volume de GNL a été très forte (+73,8 %). Les États-Unis et d'autres pays fournissent beaucoup plus de GNL pour remplacer le gaz naturel russe, qui était auparavant acheminé par gazoduc vers le nord-ouest de l'Europe.
Conteneurs
Le segment des conteneurs a chuté de 8,6 % en poids total et de 4,4 % en nombre de conteneurs (EVP, équivalents vingt pieds) au cours des neuf premiers mois. En raison des sanctions, le trafic de conteneurs entre la Russie et Rotterdam s'est pratiquement arrêté. Ces dernières années, environ 8 % du trafic de conteneurs était lié à la Russie. La différence entre les tonnes (-8,6 %) et les EVP (-4,4 %) s'explique par le fait que, proportionnellement, davantage de conteneurs vides ont transité par Rotterdam. Bien que la logistique des conteneurs soit toujours entravée par des perturbations dues au fait que de nombreux navires n'arrivent pas à l'heure prévue et à l'utilisation à grande capacité des terminaux, la diminution du volume entraîne une réduction progressive des problèmes logistiques. Par ailleurs, les taux de fret des conteneurs ont chuté de manière significative. Le trafic roll-on/roll-off et les autres marchandises diverses ont augmenté de 15 %.
Le climat macroéconomique est loin d'être prometteur, avec la poursuite de la guerre en Ukraine, l'inflation et la détérioration du climat économique. Néanmoins, l'autorité portuaire de Rotterdam s'attend à ce que le volume de transbordement pour 2022 soit du même niveau que celui de l'année dernière. Compte tenu des circonstances très difficiles dans presque tous les secteurs, il s'agirait d'une performance remarquable pour la communauté des affaires de Rotterdam.
